Emotions

Les ressentis de Christiane, Mariette …

Mantes la Jolie 7.7.69

Chère Mariette
Vous voilà sans doute sur la route qui vous ramène vers Paris…
J’ai bien reçu ta lettre et Marie-France deux cartes.
Nous préparons nos valises pour la Bretagne, mais j’ai vraiment le cœur lourd de ne pas te revoir avant le départ. Nous avons préparé aussi de petits paquets que nous espérons pas trop lourds ni trop encombrants…
C’est vendredi matin que nous partons et Jean sera de retour le lundi 14 au soir… Il sera notre messager….
Je n’ai pas le courage de t’écrire plus longuement ce soir. Tu trouveras dans notre « colis » la lettre que je t’ai écrite au lendemain de votre visite.

Lorsque l’Atlantique nous séparera de nouveau, nous reprendrons chacune le stylo, de temps en temps, un peu plus souvent peut-être…   Ce sera avec plus de joie qu’autrefois mais aussi avec plus de mélancolie.
Embrassez bien fort vos enfants…. Bons baisers de nous deux et de tous.

Christiane Jean


Ma chère Christiane,            

Quelques minutes encore avant de quitter ce sol de France – j’y laisse beaucoup de mon cœur!… Un dimanche matin, après une messe dans un humble village, j’écrivais : ‘’tout cela c’est beau, c’est merveilleux mais je n’y trouve pas Dieu – c’est étrange – j’ai beau le chercher là pourtant, mais j’ai senti ce matin que c’était à travers l’amour, l’amitié que je le trouvais le mieux – parce que tout cela que j’admire passe tandis que l’amour reste!’’ Et c’est vrai, t’avoir rencontrée a été un inoubliable instant de bonheur vrai! durable comme notre longue amitié qui sera maintenant beaucoup plus forte, plus palpable parce que j’aurai vu ton visage, ceux des tiens, les yeux de Marie France.

Merci pour ces cadeaux bien français. Merci pour ton hospitalité. Merci d’être toi, sensible et timide (au fond je pense)

Bons baisers à vous tous que j’aime et que nous aimons.

Mariette et Lucien


et Marie-France…

Toute petite, quand j’ai compris que j’avais une marraine canadienne, qui habitait très loin, j’ai été très fière… ça n’était pas ordinaire…

 Et puis Christiane, ma mère, son amie,  m’avait donné un prénom composé de ceux de ma marraine et de mon parrain : Mariette et Francis. ça a donné Marie-France.  ça non plus, ça n’était pas ordinaire…

A cette première rencontre, j’ai été impressionnée par cette dame  distinguée. Est-ce que j ‘allais lui plaire ? Et moi, qu’allais-je penser d’elle ?  Allait-elle répondre à mes attentes ?…  Ce fut un instant magique, hors du temps… Mariette m’a conquise, avec son sourire un peu moqueur et  ses yeux rieurs. Elle était curieuse, Elle voulait tout savoir de moi.