« Premières lettres… »
Montréal, 25 avril 1937
Mademoiselle C. Leras Mantes Gassicourt – France
Mademoiselle,
cette lettre d’un lointain pays d’Amérique, vous intrigue, sans nul doute, et lisant la signature, vous avez soupiré : ‘’Connais pas! ‘’
Je m’explique! Mais auparavant permettez-moi de m’excuser. Je vous demande pardon, Mademoiselle, de forcer votre porte comme une intruse. Et voilà!… depuis longtemps je désire connaître votre pays. De quelle manière ? La correspondance me semble, pour le moment, la meilleure manière!… Que faire pour cela ?… J’ai vu votre nom quelque part… dans la liste des lauréats du concours : ‘’ Les Beaux pays’’… et j’ai osé !
Méthode américaine, direz-vous ? Peut-être, mais avouez que c’est une ‘’chic’’ méthode tout de même, si elle réussit.
Mademoiselle me ferez-vous les gros yeux?… jetterez vous ma lettre au feu?… ou si gentiment, comme je l’espère, vous voudrez bien répondre à ma missive et continuer à correspondre avec la petite canadienne, un peu osée, il est vrai, mais pleine du désir de connaître votre pays et de faire aimer le sien.
J’ai dix neuf ans, et je suis déjà disposée à vous aimer de tout mon cœur. J’attends avec impatience une lettre de la ‘’Doulce France.’’
Mariette Martin 4277 rue Boyer Prov. de Québec –
Canada
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Mantes-Gassicourt le 4 mai 1937
Mademoiselle,
Vous devinez probablement ma surprise en recevant votre lettre ce matin. J’espère que vous pourrez vous réjouir de votre audace : vous auriez, en effet, pu tomber très mal, sur une vieille demoiselle un peu grognon par exemple.
Rassurez-vous ! Il n’en est rien et vous êtes même mon aînée, je vais avoir dix-sept ans au mois d’août prochain.
Votre « chic » idée m’enthousiasme beaucoup. Je serai très contente de faire connaître notre France, en même temps que j’apprendrai à aimer le vôtre qui m’est déjà très sympathique.
Mais ce qui m’a touchée le plus, c’est votre confiance spontanée que je vous rends déjà, soyez-en certaine. Je crois qu’il y a dès maintenant entre nous un lien de sympathie qui grandira lorsque nous nous connaîtrons mieux.
Votre nom tout de suite m’a conquise. Il est très français et sent tout particulièrement notre région de l’Ile de France. Peut-être êtes-vous une française éloignée de sa patrie ? Vous l’êtes du moins de cœur et je sens que nous nous entendrons à merveille.
Vous désirez certainement me connaître mieux que par mon nom et mon adresse. Je vais encore en classe dans le Cours Complémentaire de la ville.
J’ai obtenu mon brevet élémentaire l’année dernière et j’ai l’intention de me présenter cette année au concours d’entrée à l’Ecole Normale d’institutrices du département. C’est tout ce que je connais de mon avenir pour le moment.
Mon père travaille dans une papeterie et nous habitons tout à fait à l’écart de la ville, presque à la campagne.
Parlez-moi beaucoup de vous sur votre prochaine lettre, que je connaisse un peu de votre vie.
Dîtes-moi aussi comment vous avez su mon nom ? Est-ce par une de vos compatriotes que j’ai vue aussi sur la liste des lauréats de ce fameux concours ?
Je souhaite que vous ne soyez pas déçue dans votre espoir. Vous aurez une bonne petite amie française qui vous aime déjà beaucoup.
Christiane Lebas
70 rue de la Papeterie – Mantes-Gassicourt – Seine et Oise – France
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